Si je demeure totalement transparent, le départ de Bryce Harper des miens (les Nats), en février 2019, a été aussi douloureux qu’un mal de dents qui se propage dans toute la mâchoire.

Son départ se dessinait depuis un bon moment, mais il n’en demeure pas moins que l’incision réalisée par sa signature avec les Phillies de Philadelphie m’a procuré une douleur très vive.

En toute franchise, cette souffrance s’est étalée jusqu’à l’automne dernier, lors du premier chapitre de la série opposant les Phillies aux redoutables Braves d’Atlanta.

Bryce frappe au troisième rang, soit derrière Kyle «Hulk» Schwarber et son franc camarade de toujours, Trea Turner. C’est lors de sa randonnée vers le rectangle des frappeurs, sous les huées d’une foule rangée derrière leurs Braves, que le pardon a été total.

C’est à ce moment bien précis qu’un article lu au préalable est devenu totalement limpide. Un billet au sujet du leadership singulier et UNIQUE de Bryce Harper. Trop souvent, on lui jette des critiques parce qu’on le trouve arrogant, alors que ce n’est qu’une passion inhabituelle.

À Philadelphie, les amateurs sont reconnus comme les plus exigeants en Amérique. Si un athlète sous-performe, qu’il n’a pas une éthique de travail irréprochable, qu’il n’est pas passionné, qu’il n’est pas engagé et qu’il ne porte pas fièrement son col-bleu, il sera chahuté copieusement.

Bryce est tellement passionné par la game, qu’on le hume facilement de notre sofa dès qu’il met les pieds dans le dugout. Chaque présence au bâton, ou lorsqu’il se retrouve les crampons agrippés à son premier coussin, l’éthique de travail rayonne de tous ses éclats.

Bryce s’est d’ailleurs amouraché de la mascotte Phanatic, le menant à porter des gants et un bandeau à l’effigie de celle-ci. Il a même des crampons rendant hommage à la drôle de bête au poil vert.

Lorsqu’il signe des autographes, peu importe l’emplacement, un membre des Phillies doit venir le récupérer parce que Bryce resterait jusqu’au moment où toutes les balles ou les cartes sont autographiées.

Bryce est totalement engagé envers la ville et ses admirateurs qu’il a jetés ses Cowboys de Dallas aux oubliettes, pour se tourner vers l’équipe locale, les Eagles de Philadelphie.

Lors du triomphe contre les Braves le 12 octobre dernier, les joueurs des Phillies se sont rejoints pour festoyer, tout le monde autour de Bryce. Après quelques minutes, Bryce a fait signe à ses coéquipiers de regarder vers la foule et la saluer. La foule était évidemment en liesse.

Pis dans l’abri, même si lors d’un match donné il se retrouve 0-en-4, malgré l’insatisfaction intérieure (parfois extérieure), si l’équipe gagne, il s’exultera de joie et congratulera ses coéquipiers un à un.

On parle ici de Bryce Harper, un guerrier, un vrai, un passionné, l’humain le plus engagé envers son club, ses fans et la ville.

Peu importe mes émotions face à son départ des Nats, il restera toujours l’un de mes favoris, sinon mon favori, du Baseball majeur.